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Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/12

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— C’est toi, la Goualeuse[1] — dit l’homme en blouse — tu vas me payer l’eau d’aff[2], ou je te fais danser sans violons !

— Je n’ai pas d’argent — répondit la femme en tremblant ; car cet homme inspirait une grande terreur dans le quartier.

— Si ta filoche est à jeun[3], l’ogresse du tapis-franc te fera crédit sur ta bonne mine.

— Mon Dieu… je lui dois déjà le loyer des vêtements que je porte…

— Ah ! tu raisonnes ? — s’écria le Chourineur ; et il donna dans l’ombre et au hasard un si violent coup de poing à cette malheureuse, qu’elle poussa un cri de douleur aigu.

— Ça n’est rien que ça, ma fille ; c’est pour t’avertir…

À peine le brigand avait-il dit ces mots qu’il s’écria avec un effroyable jurement :

— Je suis piqué à l’aileron : tu m’as égratigné avec tes ciseaux !

Et, furieux, il se précipita à la poursuite de la Goualeuse dans l’allée noire.

  1. La Chanteuse.
  2. L’eau-de-vie.
  3. Si ta bourse est vide.