Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/18

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— Prenez garde ! — s’écria la Goualeuse en se réfugiant de nouveau dans l’allée et en tirant son protecteur par le bras — prenez garde ! il va peut-être vouloir se revenger.

— Sois tranquille, ma fille ; s’il en veut encore, j’ai de quoi le servir.

Le brigand entendit ces mots.

— J’ai la coloquinte en bringues — dit-il à l’inconnu. — Pour aujourd’hui j’en ai assez, je n’en mangerai plus ; une autre fois je ne dis pas… si je te retrouve…

— Est-ce que tu n’es pas content ? Est-ce que tu te plains ? — s’écria l’inconnu d’un ton menaçant. Est-ce que j’ai macaroné[1] ?

— Non ! non, je ne me plains pas… tu es un cadet qui a de l’atout[2] — dit le brigand d’un ton bourru, mais avec cette sorte de considération respectueuse que la force physique impose toujours aux gens de cette espèce. — Tu m’as rincé ; et, excepté le Maître d’école, qui mangerait trois Alcides à son déjeuner, personne jusqu’à cette heure ne peut se vanter de me mettre le pied sur la tête.

  1. Agi en traître.
  2. Qui a du courage.