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Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/190

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La Goualeuse prit le prétexte de cette plaisanterie pour sourire ; peu à peu ce léger nuage de tristesse s’effaça de son esprit ; elle ne pensa qu’à jouir du présent et à s’étourdir sur l’avenir.

La voiture arrivait près de Saint-Denis, la haute flèche de l’église se voyait au loin.

— Oh ! le beau clocher ! — s’écria la Goualeuse.

— C’est le clocher de Saint-Denis, une église superbe… Voulez-vous la voir ? nous ferons arrêter le fiacre.

La Goualeuse baissa les yeux.

— Depuis que je suis chez l’ogresse je ne suis point entrée dans une église ; je n’ai pas osé. À la prison, au contraire, j’aimais tant à chanter à la messe ! et, et à la Fête-Dieu, nous faisions de si beaux bouquets d’autel !

— Mais Dieu est bon et clément : pourquoi craindre de le prier, d’entrer dans une église ?

— Oh ! non, non… monsieur Rodolphe… ce serait comme une impiété… C’est bien assez d’offenser le bon Dieu autrement.

Après un moment de silence, Rodolphe dit à la Goualeuse :