Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/401

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se levant brusquement — vous me proposez cette maison et beaucoup d’argent… pour me tenter ; mais je ne peux pas…

— Vous ne pouvez pas, quoi ? — dit Rodolphe avec étonnement.

Le visage du Chourineur s’anima, sa honte cessa ; il dit d’une voix ferme :

— Ce n’est pas pour m’engager à voler que vous m’offrez tant d’argent, je le sais bien. D’ailleurs, je n’ai jamais volé de ma vie… c’est peut-être pour tuer… mais j’ai bien assez du rêve du sergent ! ajouta le Chourineur d’une voix sombre.

— Ah ! les malheureux ! — s’écria Rodolphe avec amertume. — La compassion qu’on leur témoigne est-elle donc rare à ce point, qu’ils ne peuvent s’expliquer la libéralité que par le crime ?…

Puis, s’adressant au Chourineur, il lui dit d’un ton plein de douceur :

— Vous me jugez mal… vous vous trompez… Je n’exigerai rien de vous que d’honorable. Ce que je vous donne, je vous le donne parce que vous le méritez.

— Moi ! — s’écria le Chourineur dont les