Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 1ère série, 1842.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les hôtes du tapis-franc se retournèrent avec étonnement.

— Eh bien ! qu’est-ce qu’il a donc ? — dit la Goualeuse.

— Ce que j’ai ?… mais je l’escarperais[1] ! si je la tenais, la borgnesse !… Où est-elle ? dis-le moi ; où est-elle ? si je la trouve, je la refroidis[2] !

Et le regard du bandit s’injecta de sang.

Rodolphe avait partagé l’horreur du Chourineur pour la cruauté de la borgnesse ; mais il se demandait par quel phénomène un assassin entrait en fureur en entendant raconter qu’une méchante vieille femme avait voulu, par méchanceté, arracher une dent à un enfant.

Nous croyons ce sentiment de pitié possible, même probable, chez une nature pourtant féroce.

— Et elle te l’a arrachée, ta dent, ma pauvre petite, cette vieille misérable ? — demanda Rodolphe.

— Je crois bien, qu’elle me l’a arrachée !…

  1. Je l’assassinerais !
  2. Je la tue.