Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/124

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en essuyant ses larmes — à chaque instant du jour, je me dis avec une honte amère : On m’honore, on me révère, les personnes les plus éminentes, les plus vénérables m’entourent de respects ; aux yeux de toute une cour, la sœur d’un empereur a daigné rattacher mon bandeau sur mon front… et j’ai vécu dans la fange de la Cité, tutoyée par des voleurs et des assassins…

Oh ! mon père, pardonnez-moi ; mais plus ma position s’est élevée… plus j’ai été frappée de la dégradation profonde où j’étais tombée ; à chaque hommage qu’on me rend, je me sens coupable d’une profanation ; songez-y donc, mon Dieu ! après avoir été ce que j’ai été… souffrir que des vieillards s’inclinent devant moi… ; souffrir que de nobles jeunes filles, que des femmes justement respectées se trouvent flattées de m’entourer… ; souffrir enfin que des princesses, doublement augustes et par l’âge et par leur caractère sacerdotal, me comblent de prévenances et d’éloges… cela n’est-il pas