Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/266

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Ferrand a péché, qu’il trouve une torture :
Étouffe devant lui le cri de la nature ;
Laisse-le se crisper et se tordre et souffrir ;
Chasse les vents sereins de sa tête brûlante :
Des maux les plus aigus, de la mort la plus lente,
Le monstre, puisse-t-il mourir !

Trêve de longs discours ; l’heure nous est trop chère.
Cours sauver de Fermont qui périt de misère,
Ton Morel possédé d’un funeste transport,
Louise qui s’éteint loin de toute espérance !
Oh ! vite élance-toi ; pour calmer leur souffrance,
Sois plus diligent que la mort !

Qu’aperçois-je ? Sarah !… Qui l’arrache à la tombe…
Près de son corps sanglant toute haine succombe :
Maître de ses destins, dépose ton courroux.
Fonds au jet de ta voix l’airain qui la cuirasse ;
En un foyer d’amour change son cœur de glace ;
Rends-lui sa fille et son époux !

Elle est femme : son cœur à cet aspect si tendre
Va, je le sens en moi, s’agiter, se détendre.
Une femme, vois-tu, ne l’est jamais en vain :
Si l’homme quelquefois dénature son âme,
Eugène, souviens-t’en, c’est toujours une femme
Et quelque chose de divin !