Page:Sue - Les mystères de Paris, 10è série, 1843.djvu/355

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Que la société se rende compte de sa mission et s’écrie enfin comme Jésus : « Laissez-venir à moi les petits enfants. » Qu’elle prévienne le mal et n’ait l’échafaud, puisqu’elle veut l’échafaud, que pour ultima ratio ; comme a dit notre grand, notre admirable poète, Victor Hugo :

Le sang est mauvaise rosée !

D’ailleurs, tout en accomplissant un acte de justice, on donnerait un bon exemple, « car la présence de ces orphelins de la loi au milieu de ces autres enfants recueillis par la société dont nous avons parlé, serait pour tous d’un utile enseignement… Elle montrerait que si le coupable est inexorablement puni, les siens ne perdent rien, gagnent même l’estime du monde, si, à force de courage, de vertus, ils parviennent à réhabiliter un nom déshonoré.

» Dira-t-on que le législateur a voulu rendre le châtiment plus terrible encore en frappant virtuellement le père criminel dans l’avenir de son fils innocent ? Cela serait barbare, immoral, insensé. N’est-il pas au contraire d’une haute moralité de prouver au peuple, qu’il n’y a dans le mal aucune solidarité héréditaire ; que la tache originelle n’est pas ineffaçable ? »

Voilà des erreurs qu’il appartiendrait à notre chambre des députés de rectifier, mais elle a, pardieu, bien autre chose à faire. Si, au milieu de ses bavardages, de ses personnalités, un honnête homme fait entendre sa voix pour une proposition utile, on crie haro sur lui. Ainsi, à l’une des dernières séances législatives, un pétitionnaire ayant proposé ta fondation de maisons d’invalides destinées aux travail-