Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/215

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regardait Murph en homme qui s’aperçoit trop tard qu’il a dit une sottise.

— En vérité — reprit Rodolphe avec un sérieux imperturbable — je ne sais, mon cher de Graün, comment reconnaître la bonne opinion que vous voulez bien avoir de moi, et surtout comment vous rendre la pareille.

— Monseigneur… je vous en supplie, ne prenez pas cette peine — dit le baron, qui avait un moment oublié que Rodolphe se vengeait toujours des flatteries, dont il avait horreur, par des railleries impitoyables.

— Comment donc, baron ! mais je ne veux pas être en reste avec vous ; voici malheureusement tout ce que je puis vous offrir pour le moment : d’honneur, c’est tout au plus si vous avez vingt ans, l’Antinoüs n’a pas des traits plus enchanteurs que les vôtres.

— Ah ! monseigneur… grâce !…

— Regardez donc, Murph, l’Apollon du Belvédère a-t-il des formes à la fois plus sveltes, plus élégantes et plus juvéniles ?

— Monseigneur… il y avait si long-temps que cela ne m’était arrivé…