Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/241

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Sarah et moi nous sommes ennemis mortels — m’a-t-il répondu en plaisantant ; — j’ai fait vœu de ne jamais lui parler ; et il faut — a-t-il ajouté — que ce vœu soit bien sacré pour que je me prive de l’entretien d’une personne si aimable. » Aussi, ma chère Sarah, toute singulière que m’ait paru cette réponse, j’ai bien été obligée de m’en contenter[1].

— Je vous assure que la cause de cette brouillerie mortelle, demi-plaisante, demi-sérieuse, est pourtant des plus innocentes ; si un tiers n’y était pas intéressé depuis long-temps, je vous aurais confié ce grand secret… Mais qu’avez-vous donc, ma chère enfant ?… Vous paraissez préoccupée.

— Ce n’est rien… tout à l’heure il faisait si chaud dans la galerie, que j’ai ressenti un peu de migraine ; asseyons-nous un moment ici… cela passera… je l’espère.

— Vous avez raison ; tenez, voilà justement un coin bien obscur, vous serez là parfaite-

  1. L’amour de Rodolphe pour Sarah, et les événements qui succédèrent à cet amour, remontant à dix-sept ou dix-huit ans, étaient complètement ignorés dans le monde, Sarah et Rodolphe ayant autant d’intérêt l’un que l’autre à le cacher.