Page:Sue - Les mystères de Paris, 2è série, 1842.djvu/98

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qu’Alfred, malgré sa mélancolie, se met à m’appeler son ange… À ce moment le commandant sort de chez lui et ferme sa porte pour s’en aller ; mais comme il nous entendait rire, il n’ose plus descendre, de peur que nous nous moquions de lui, car il ne pouvait pas s’empêcher de passer devant la loge. Nous devinons le coup, et voilà l’écaillère qui, de sa grosse voix, se met à crier : Pipelet, tu viens bien tard, mon ange ! Là-dessus le commandant rentre chez lui, et ferme sa porte avec un bruit affreux, en vrai rageur qu’il est, car cet homme-là doit être rageur comme un tigre… il a le bout du nez blanc… finalement il a ouvert plus de dix fois sa porte pour écouter s’il y avait toujours du monde à la loge… Il y en avait toujours, nous ne bougions pas… À la fin, voyant qu’on ne s’en allait pas, il a pris son parti, est descendu quatre à quatre, m’a jeté sa clef sans rien dire, et s’est en sauvé tout furieux au milieu de nos éclats de rire, et pendant que l’écaillère disait encore : — Tu viens bien tard, mon ange !

— Mais vous vous exposiez à ce que le commandant ne vous employât plus.