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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/127

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jeune homme, robuste et laborieux, ayant envie de bien faire et de bien apprendre, se présenterait à cette ferme de jeunes ex-voleurs, qu’on lui dirait : Mon gars, as-tu un brin volé et vagabondé ? — Non. — Eh bien ! il n’y a pas de place ici pour toi.

— C’est pourtant vrai ce que vous dites là, père Châtelain — dit Jean-René. — On fait pour des coquins ce qu’on ne fait pas pour les honnêtes gens ; on améliore les bêtes et non pas les hommes.

— C’est pour donner l’exemple et remédier à ça, mon garçon, que notre maître, comme je l’apprends à ce brave homme, a établi cette ferme… « Je sais bien, a-t-il dit, que là-haut il y a des récompenses pour les honnêtes gens ; mais là-haut… dame !… c’est bien haut, c’est bien loin ; et d’aucuns (il faut les plaindre, mes enfants) n’ont point la vue et l’haleine assez longue pour atteindre là ; et puis où trouveraient-ils le temps de regarder là-haut ? Pendant le jour, de l’aurore au coucher du soleil, courbés sur la terre, ils la bêchent et la rebêchent pour un maître ; la nuit, ils dorment