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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/151

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tre mon sort plus affreux encore… La prison, le bagne, la guillotine, ne sont rien auprès de ce que j’endure depuis ce matin… et cela, j’aurai à l’endurer toujours… Conduis-moi à la chambre de ma femme ; j’ai là mon couteau… je la tuerai… On me tuera après, ça m’est égal… La haine m’étouffe… Je serai vengé… ça me soulagera… Ce que j’endure, c’est trop, c’est trop ! pour moi devant qui tout tremblait. Tiens, vois-tu… si tu savais ce que je souffre… tu aurais pitié de moi… Depuis un instant il me semble que mon crâne va éclater… mes veines battent à se rompre… mon cerveau s’embarrasse…

— Un rhume de cerveau, vieux ?… connu… Éternuez… ça le purge… — dit Tortillard, en éclatant encore de rire. — Voulez-vous une prise ?

Et, frappant brusquement sur le dos de sa main gauche fermée, comme il eût frappé sur le couvercle d’une tabatière, il chantonna :

J’ai du bon tabac dans ma tabatière ;
J’ai du bon tabac, tu n’en auras pas.

— Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! ils veulent