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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/152

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me rendre fou ! — s’écria le brigand, devenu véritablement presque insensé par une sorte d’éréthisme de vengeance sanguinaire, ardente, implacable, qui cherchait en vain à s’assouvir.

L’exubérance des forces de ce monstre ne pouvait être égalée que par leur impuissance.

Qu’on se figure un loup affamé, furieux, hydrophobe, harcelé pendant tout un jour par un enfant à travers les barreaux de sa cage, et sentant à deux pas de lui une victime qui satisferait à la fois et sa faim et sa rage.

Au dernier sarcasme de Tortillard, le brigand perdit presque la tête.

À défaut de victime, il voulut, dans sa frénésie, répandre son propre sang… le sang l’étouffait.

Un moment il fut décidé à se tuer ; il aurait eu à la main un pistolet armé, qu’il n’eût pas hésité. Il fouilla dans sa poche, en tira un long couteau-poignard, l’ouvrit, le leva pour s’en frapper… Mais, si rapides que fussent ses