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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/208

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étaient rougies par des larmes récentes. En apercevant Fleur-de-Marie, elle jeta d’abord un cri d’effroi ; mais bientôt la douleur, l’indignation, la colère, contractèrent ses traits ; elle se précipita sur la Goualeuse, la prit brutalement par le bras, et s’écria en la montrant aux gens de la ferme :

— Voilà une malheureuse qui connaît l’assassin de mon pauvre mari… je l’ai vue vingt fois parler à ce brigand ! quand je vendais du lait au coin de la rue de la Vieille-Draperie, elle venait m’en acheter pour un sou tous les matins ; elle doit savoir quel est le scélérat qui a fait le coup ; comme toutes ses pareilles, elle est de la clique de ces bandits… Oh ! tu ne m’échapperas pas, coquine que tu es !… — s’écria la laitière exaspérée par d’injustes soupçons ; et elle saisit l’autre bras de Fleur-de-Marie, qui, tremblante, éperdue, voulait fuir.

Clara, stupéfaite de cette brusque agression, n’avait pu jusqu’alors dire un mot ; mais, à ce redoublement de violence, elle s’écria en s’adressant à la veuve :