Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/211

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persiste dans ses injures, pour la punir de son insolence, elle n’aura pas ici la place que ma mère lui avait promise ; de sa vie elle ne remettra les pieds à la ferme.

Aucun laboureur ne bougea pour obéir aux ordres de Clara ; l’un d’eux osa même dire :

— Dame… mademoiselle, si c’est une fille des rues et qu’elle connaisse l’assassin du mari de cette pauvre femme… faut qu’elle vienne s’expliquer chez le maire…

— Je vous répète que vous n’entrerez jamais à la ferme — dit Clara à la laitière — à moins qu’à l’instant vous ne demandiez pardon à mademoiselle Marie de vos grossièretés.

— Vous me chassez, mademoiselle !… à la bonne heure — répondit la veuve avec amertume. — Allons, mes pauvres orphelins — ajouta-t-elle en embrassant ses enfants — rechargez la charrette, nous irons gagner notre pain ailleurs, le bon Dieu aura pitié de nous ; mais au moins, en nous en allant, nous emmènerons chez M. le maire cette malheureuse, qui va être bien forcée de dénoncer l’assassin