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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/22

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trer. Ah ! croyez-moi, j’ai connu la misère… À moins d’un hasard providentiel semblable à celui qui, hélas ! trop tard, a fait connaître Marie à M. Rodolphe ; à moins, dis-je, d’un de ces hasards, les malheureux, presque toujours brutalement repoussés à leurs premières demandes, croient la pitié introuvable, et, pressés par la faim… la faim si impérieuse, ils cherchent souvent dans le vice des ressources qu’ils désespèrent d’obtenir de la commisération.

À ce moment la Goualeuse entra dans le salon.

— D’où venez-vous, mon enfant ? — lui demanda madame Georges avec intérêt.

— De visiter le fruitier, madame, après avoir fermé les portes de la basse-cour. Les fruits sont très-bien conservés, sauf quelques-uns que j’ai ôtés.

— Pourquoi n’avez-vous pas dit à Claudine de faire cette besogne, Marie ? Vous vous serez encore fatiguée.

— Non, non, madame, je me plais tant dans mon fruitier, cette bonne odeur de fruits mûrs est si douce !