Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

frait la Goualeuse depuis que son âme, dégagée de ses souillures, pouvait contempler toute la profondeur de l’abîme où on l’avait plongée.

Ils ne savaient pas que les affreux souvenirs de la Goualeuse avaient presque la puissance, la force de la réalité ; ils ne savaient pas que cette jeune fille, d’une sensibilité exquise, d’une imagination rêveuse et poétique, d’une finesse d’impression douloureuse à force de susceptibilité ; ils ne savaient pas que cette jeune fille ne passait pas un jour non sans se rappeler, mais presque sans ressentir, avec une souffrance mêlée de dégoût et d’épouvante, les honteuses misères de son existence d’autrefois.

Qu’on se figure une enfant de seize ans, candide et pure, ayant la conscience de sa candeur et de sa pureté, jetée par quelque pouvoir infernal dans l’infâme taverne de l’ogresse et invinciblement soumise au pouvoir de cette mégère !… Telle était pour Fleur-de-Marie la réaction du passé sur le présent.

Ferons-nous ainsi comprendre l’espèce de ressentiment rétrospectif, ou plutôt le contre-