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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/245

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coup moral dont la Goualeuse souffrait si cruellement, qu’elle regrettait, plus souvent qu’elle n’avait osé l’avouer à l’abbé, de n’être pas morte étouffée dans la fange ?

Pour peu qu’on réfléchisse et qu’on ait d’expérience de la vie, on ne prendra pas ce que nous allons dire pour un paradoxe :

Ce qui rendait Fleur-de-Marie digne d’intérêt et de pitié, c’est que non-seulement elle n’avait jamais aimé, mais que ses sens étaient toujours restés endormis et glacés. — Si bien souvent, chez des femmes peut-être moins délicatement douées que Fleur-de-Marie, de chastes répulsions succèdent long-temps au mariage, s’étonnera-t-on que cette infortunée, enivrée par l’ogresse, et jetée à seize ans au milieu de la horde de bêtes sauvages ou féroces qui infestaient la Cité, n’ait éprouvé qu’horreur et effroi, et soit sortie moralement pure de ce cloaque ?…

Les naïves confidences de Clara Dubreuil au sujet de son candide amour pour le jeune fermier qu’elle devait épouser, avaient navré Fleur-de-Marie ; elle aussi sentait qu’elle au-