Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/276

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— Il serait vrai, monseigneur ? — s’écria Clémence. — Mes pressentiments ne me trompaient donc pas… et comment Votre Altesse a-t-elle pu savoir ?…

— Hier, par hasard, au bal de la comtesse ***, j’ai découvert le secret de cette infamie. J’étais assis dans un endroit écarté du jardin d’hiver. Ignorant qu’un massif de verdure me séparait d’eux et me permettait de les entendre, la comtesse Sarah et son frère vinrent s’entretenir près de moi de leurs projets et du piège qu’ils vous tendaient. Voulant vous prévenir du péril dont vous étiez menacée, je me rendis à la hâte au bal de madame de Nerval, croyant vous y trouver : vous n’y aviez pas paru. Vous écrire ici ce matin, c’était exposer ma lettre à tomber entre les mains du marquis, dont les soupçons devaient être éveillés. J’ai préféré aller vous attendre rue du Temple, pour déjouer la trahison de la comtesse Sarah. Vous me pardonnez, n’est-ce pas, de vous entretenir si long-temps d’un sujet qui doit vous être désagréable ? Sans la lettre que vous avez eu la bonté de m’écrire… de ma vie je ne vous eusse parlé de tout ceci…