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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/298

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brisa : il venait me chercher pour m’emmener en Normandie ; nous devions y passer les premiers temps de notre deuil. Pendant la route il pleura beaucoup, et me dit qu’il n’avait que moi pour l’aider à supporter ce coup affreux. Je lui répondis avec expansion qu’il ne me restait non plus que lui depuis la perte de la plus adorée des mères… Après quelques mots sur l’embarras où il se trouverait s’il était forcé de me laisser seule pendant les absences que ses affaires le forçaient de faire de temps à autre, il m’apprit sans transition, et comme la chose la plus naturelle du monde, que, par bonheur pour lui et pour moi, madame Roland consentait à prendre la direction de sa maison et à me servir de guide et d’amie.

L’étonnement, la douleur, l’indignation me rendirent muette ; je pleurai en silence. Mon père me demanda la cause de mes larmes ; je m’écriai, avec trop d’amertume sans doute, que jamais je n’habiterais la même maison que madame Roland ; car je méprisais cette femme autant que je la haïssais à cause des chagrins qu’elle avait causés à ma mère. Il