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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/304

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land, quitta au bout de trois mois à peine, le deuil de ma mère, sous prétexte que le deuil… se portait dans le cœur… Sa froideur pour moi augmenta de plus en plus, son indifférence allait à ce point qu’il me laissait une liberté incroyable pour une jeune personne de mon âge. Je le voyais à l’heure du déjeuner ; il rentrait ensuite chez lui avec madame Roland, qui lui servait de secrétaire pour sa correspondance d’affaires ; puis il sortait avec elle en voiture ou à pied, et ne rentrait qu’une heure avant le dîner… Madame Roland faisait une fraîche et charmante toilette ; mon père s’habillait avec une recherche étrange à son âge ; quelquefois, après dîner, il recevait les gens qu’il ne pouvait s’empêcher de voir ; il faisait ensuite, jusqu’à dix heures, une partie de trictrac avec madame Roland, puis il lui offrait le bras pour la conduire à la chambre de ma mère, lui baisait respectueusement la main, et se retirait. Quant à moi, je pouvais disposer de ma journée, monter à cheval suivie d’un domestique, ou faire à ma guise de longues promenades dans les bois qui environnaient le château ; quelquefois, accablée de tristesse,