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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/314

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Madame d’Harville sourit avec amertume, et répondit :

— Vous saurez la vérité tout à l’heure, monseigneur… Après avoir lu la lettre du vieux notaire, je ressentis autant de curiosité que d’inquiétude. Qui était M. d’Harville ? Mon père ne m’en avait jamais parlé. J’interrogeais en vain mes souvenirs ; je ne me rappelais pas ce nom. Bientôt madame Roland, à mon grand étonnement, partit pour Paris. Son voyage devait durer huit jours au plus ; pourtant mon père ressentit un profond chagrin de cette séparation passagère ; son caractère s’aigrit ; il redoubla de froideur envers moi. Il lui échappa même de me répondre, un jour que je lui demandais comment il se portait : — Je suis souffrant, et c’est de votre faute. — De ma faute, mon père ? — Certes. Vous savez combien je suis habitué à madame Roland, et cette admirable femme que vous avez outragée fait dans votre seul intérêt ce voyage qui la retient loin de moi.

Cette marque d’intérêt de madame Roland m’effraya ; j’eus vaguement l’instinct qu’il s’a-