Les témoins de M. d’Harville, M. de Lucenay et M. de Saint-Remy, arrivèrent aux Aubiers quelques jours avant mon mariage ; mes plus proches parents y furent seuls invités. Nous devions, aussitôt après la messe, partir pour Paris… Je n’éprouvais pas d’amour pour M. d’Harville ; mais je ressentais pour lui de l’intérêt : son caractère m’inspirait de l’estime… Sans les événements qui suivirent cette fatale union, un sentiment plus tendre m’aurait sans doute attachée à lui… Nous fûmes mariés…
À ces mots, madame d’Harville pâlit légèrement, sa résolution parut l’abandonner. Puis elle reprit :
— Aussitôt après mon mariage, mon père me serra tendrement dans ses bras. Madame Roland aussi m’embrassa, je ne pouvais devant tout le monde me dérober à cette nouvelle hypocrisie ; de sa main sèche et blanche elle me serra la main à me faire mal, et me dit à l’oreille d’une voix doucereusement perfide ces paroles que je n’oublierai jamais : — Songez quelquefois à moi au milieu de votre