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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/321

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me vint aux lèvres… mais bientôt, de crainte même de blesser cette loyauté, cette bonté, je n’osai aborder un tel sujet… Plus le jour fixé pour notre mariage approchait, plus M. d’Harville se disait heureux… Cependant deux ou trois fois je le vis accablé d’une morne tristesse… un jour, entre autres, il attacha sur moi ses yeux, où roulait une larme : il semblait oppressé, on eût dit qu’il voulait et qu’il n’osait me confier un secret important… Le souvenir de la rupture de ces deux mariages me revint à la pensée… Je l’avoue, j’eus peur… Un secret pressentiment m’avertit qu’il s’agissait peut-être du malheur de ma vie entière… mais j’étais si torturée chez mon père que je surmontai mes craintes…

— Et M. d’Harville ne vous confia rien ?

— Rien… Quand je lui demandais la cause de sa mélancolie, il me répondait : — Pardonnez-moi, mais j’ai le bonheur triste… — Ces mots, prononcés d’une voix touchante, me rassurèrent un peu… Et puis, comment oser… à ce moment même, où ses yeux étaient baignés de larmes, lui témoigner une défiance outrageante à propos du passé ?