Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/360

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Tant de richesses, mises à la merci de tant de misère, nous dispensent de parler de la probité de Morel…

Assis sur un escabeau sans dossier, vaincu par la fatigue, par le froid, par le sommeil, après une longue nuit d’hiver passée à travailler, le lapidaire a laissé tomber sur son établi sa tête appesantie, ses bras engourdis ; son front s’appuie à une large meule, placée horizontalement sur la table, et ordinairement mise en mouvement par une petite roue à main ; une scie de fin acier, quelques autres outils sont épars à côté ; l’artisan, dont on ne voit que le crâne chauve, entouré de cheveux gris, est vêtu d’une vieille veste de tricot brun qu’il porte à nu sur la peau, et d’un mauvais pantalon de toile ; ses chaussons de lisière en lambeaux cachent à peine ses pieds bleuis posés sur le carreau.

Il fait dans cette mansarde un froid si glacial, si pénétrant, que l’artisan, malgré l’espèce de somnolence où le plonge l’épuisement de ses forces, frissonne parfois de tout son corps.

La longueur et la carbonisation de la mè-