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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/362

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On ne sait pas combien est rare et précieux pour le pauvre le sommeil profond, salutaire, dans lequel il répare ses forces et oublie ses maux. Il s’éveille si allègre, si dispos, si vaillant au plus rude labeur, après une de ces nuits bienfaisantes, que les moins religieux, dans le sens catholique du mot, éprouvent un vague sentiment de gratitude, sinon envers Dieu, du moins envers… le sommeil, et qui bénit l’effet bénit la cause.

À l’aspect de l’effrayante misère de cet artisan, comparée à la valeur des pierreries qu’on lui confie, on est frappé d’un de ces contrastes qui, tout à la fois, désolent et élèvent l’âme.

Incessamment cet homme a sous les yeux le déchirant spectacle des douleurs des siens ; tout les accable, depuis la faim jusqu’à la folie, et il respecte ces pierreries, dont une seule arracherait sa femme, ses enfants, aux privations qui les tuent lentement.

Sans doute il fait son devoir… simplement son devoir d’honnête homme ; mais parce que ce devoir est simple, son accomplissement