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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/367

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morbide, sur la poitrine glacée de sa sœur, âgée de cinq ans… qui tâche en vain de la réchauffer entre ses bras et la veille avec une sollicitude inquiète…

Sur une autre paillasse, placée au fond du taudis et en retour de celle des enfants, la femme de l’artisan est étendue gisante, épuisée par une fièvre lente et par une infirmité douloureuse qui ne lui permet pas de se lever depuis plusieurs mois.

Madeleine Morel a trente-six ans. Un vieux mouchoir de cotonnade bleue, serré autour de son front déprimé, fait ressortir davantage encore la pâleur bilieuse de son visage osseux. Un cercle brun cerne ses yeux caves, éteints ; des gerçures saignantes fendent ses lèvres blafardes.

Sa physionomie chagrine, abattue, ses traits insignifiants décèlent un de ces caractères doux, mais sans ressort, sans énergie, qui ne luttent pas contre la mauvaise fortune, mais qui se courbent, s’affaissent et se lamentent.

Faible, inerte, bornée, elle était restée honnête parce que son mari était honnête ;