Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/44

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paule du brigand qui restait muet et accablé.

— Tu as raison — dit-il avec un soupir de rage concentrée ; — c’est mon sort… Moi… moi… à la merci d’un enfant et d’une femme qu’autrefois j’aurais tués d’un souffle ! Oh ! si je n’avais pas si peur de la mort ! — dit-il en retombant assis sur le talus.

— Es-tu poltron maintenant !… es-tu poltron ! — dit la Chouette avec mépris. — Parle donc tout de suite de ta muette[1], ça sera plus farce. Tiens, si tu n’as pas plus de courage que ça, je prends de l’air et je te lâche.

— Et ne pouvoir me venger de cet homme qui, en me martyrisant ainsi, m’a mis dans l’affreuse position où je me trouve ! et dont je ne sortirai jamais ! — s’écria le Maître d’école dans un redoublement de rage. — Oh ! j’ai bien peur de la mort, oui… j’en ai bien peur… ; mais on me dirait : On va te le donner entre tes deux bras, cet homme… entre tes deux bras… puis après on vous jettera dans un abîme ; je dirais : Qu’on m’y jette… oui…, car je serais bien sûr de ne pas le lâcher

  1. De ta conscience.