de recueillement — j’ai cru faire un beau rêve. D’abord j’éprouvais comme un étourdissement de bonheur ; à chaque instant je songeais à M. Rodolphe. Bien souvent, toute seule et malgré moi, je levais les yeux au ciel comme pour l’y chercher et le remercier. Enfin… je m’en accuse, mon père… je pensais plus à lui qu’à Dieu ; car il avait fait pour moi ce que Dieu seul aurait pu faire. J’étais heureuse… heureuse comme quelqu’un qui a échappé pour toujours à un grand danger. Vous et madame Georges, vous étiez si bons pour moi, que je me croyais plus à plaindre… qu’à blâmer.
Le curé regarda la Goualeuse avec surprise ; elle continua :
— Peu à peu je me suis habituée à cette vie si douce : je n’avais plus peur, en me réveillant, de me retrouver chez l’ogresse ; je me sentais, pour ainsi dire, dormir avec sécurité ; toute ma joie était d’aider madame Georges dans ses travaux, de m’appliquer aux leçons que vous me donniez, mon père… et aussi de profiter de vos exhortations. Sauf quelques moments de honte quand je songeais au passé,