Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

agrandi, parce que son intelligence s’est développée, parce que ses nobles instincts se sont éveillés… qu’ayant la conscience de sa dégradation première, elle ressent pour sa vie passée une douloureuse et incurable horreur, et comprend, hélas ! ainsi qu’elle le dit : — qu’il est des souillures qui ne s’effacent jamais…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Oh ! malheur à moi ! — disait la Goualeuse désespérée : — ma vie tout entière, fût-elle aussi longue, aussi pure que la vôtre, mon père, sera désormais flétrie par la conscience et par le souvenir du passé… Malheur à moi !

— Bonheur pour vous, au contraire, Marie, bonheur pour vous à qui le Seigneur envoie ces remords pleins d’amertume, mais salutaires ! Ils prouvent la religieuse susceptibilité de votre âme ! tant d’autres, moins noblement douées que vous, eussent à votre place vite oublié le passé pour ne songer qu’à jouir de la félicité présente ! Une âme délicate comme la vôtre rencontre des souffrances là où le vulgaire ne ressent aucune douleur ! Mais chacune de ces souffrances vous sera comptée là-haut,