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Page:Sue - Les mystères de Paris, 3è série, 1842.djvu/79

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est probable que demain nous aurons meilleure chance : demain donc tu reviendras à cette heure, au carrefour, avec Barbillon et sa voiture.

— Mais toi ? mais toi ?

— Tortillard va me conduire à la ferme où demeure cette fille ; il dira que nous sommes égarés, que je suis son père, un pauvre ouvrier mécanicien aveuglé par accident ; que nous allions à Louvres, chez un de nos parents qui pouvait nous donner quelques secours, et que nous nous sommes perdus dans les champs en voulant couper au court. Nous demanderons à passer la nuit à la ferme, dans un coin de l’étable. Jamais ça ne se refuse. Ces paysans nous croiront, et nous donneront à coucher… Tortillard examinera bien les portes, les fenêtres, les issues de la maison : il y a toujours de l’argent chez ces gens-là à l’approche des fermages. Moi qui ai eu des terres — ajouta-t-il avec amertume — je sais ça. Nous sommes dans la première quinzaine de janvier… c’est le bon moment, c’est le temps où on paye les termes échus… La ferme est située, dites-vous, dans un endroit désert ; une fois que nous en