Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/14

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de remonter des pierres fausses… Madame Mathieu dit que souvent des dames font ainsi en cachette remplacer leurs diamants par des cailloux du Rhin.

— Tu vois bien, les fausses pierres font le même effet que les vraies, et les grandes dames, qui mettent seulement ça pour se parer, n’auraient jamais l’idée de sacrifier un diamant au soulagement de malheureux comme nous !

— Pauvre femme ! sois donc raisonnable, le chagrin te rend injuste… Qui est-ce qui sait que nous, les Morel, sommes malheureux ?

— Oh ! quel homme, quel homme !… On te couperait en morceaux, toi, que tu dirais merci.

Morel haussa les épaules avec compassion.

— Combien te devra ce matin madame Mathieu ? — reprit Madeleine.

— Rien, puisque je suis en avance avec elle de cent vingt francs…

— Rien ! Mais nous avons fini avant-hier nos derniers vingt sous…

— Oui — dit Morel d’un air abattu.

— Et comment allons-nous faire ?