Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/165

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service, à cette pauvre dame. Je lui dis donc le prix que j’offrais de ces effets… Je m’attendais qu’elle allait marchander, demander plus… ah bien oui ! C’est encore à ça que j’ai vu que ce n’était pas une dame du commun ; misère bourgeoise, allez, monsieur, bien sûr ! Je lui dis donc : — C’est tant. — Elle me répond : — C’est bien. Retournons chez vous, vous me paierez, car je ne dois plus revenir dans cette maison. — Alors elle dit à sa fille qui pleurait assise sur la malle : — Claire, prends le paquet… (Je me suis bien souvenu du nom ; elle l’a appelée Claire). — La jeune demoiselle se lève ; mais, en passant à côté du petit secrétaire, voilà qu’elle se jette à genoux devant et qu’elle se met à sangloter. — Mon enfant, du courage ! on nous regarde — lui dit sa mère à demi-voix, ce qui ne m’a pas empêchée de l’entendre. Vous concevez, monsieur, c’est des gens pauvres, mais fiers malgré ça. Quand la dame m’a donné la clef du petit secrétaire, j’ai vu aussi une larme dans ses yeux rougis ; le cœur avait l’air de lui saigner en se séparant de ce vieux meuble, mais elle tâchait de garder son sang-froid et sa dignité devant des