Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/17

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— Voilà ce que c’est que de travailler pour des courtiers au lieu de travailler pour les forts joailliers ; ils sont moins regardants quelquefois… Mais tu te laisses toujours manger la laine sur le dos… c’est ta faute.

— C’est ma faute ! — s’écria ce malheureux, exaspéré par cet absurde reproche — est-ce ta mère ou non qui est cause de toutes nos misères ? S’il n’avait pas fallu payer le diamant qu’elle a perdu, ta mère !… nous serions en avance, nous aurions le prix de mes journées, nous aurions les onze cents francs que nous avons retirés de la caisse d’épargne pour les joindre aux treize cents francs que nous a prêtés ce M. Jacques Ferrand, que Dieu maudisse !

— Tu t’obstines encore à ne lui rien demander, à celui-là… Après ça, il est si avare… que ça ne servirait peut-être à rien… mais enfin on essaie toujours…

— À lui !… à lui !… m’adresser à lui !… — s’écria Morel — j’aimerais mieux me laisser brûler à petit feu… Tiens… ne me parle pas de cet homme-là… tu me rendrais fou…

En disant ces mots, la physionomie du