Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/281

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moments d’erreur et de plaisir, et d’échapper ainsi aux soucis de l’avenir.

» — Que diable ! ce n’est pas tout pour une jeune fille que de perdre l’honneur, de braver le mépris, l’infamie, et de porter un enfant illégitime neuf mois dans son sein… il lui faut encore l’élever, cet enfant ! Le soigner, le nourrir, lui donner un état, en faire enfin un honnête homme comme son père, ou une honnête fille qui ne se débauche pas comme sa mère… Car enfin la maternité a des devoirs sacrés, que diable ! Et les misérables qui les foulent aux pieds, ces devoirs sacrés, sont des mères dénaturées, qui méritent un châtiment exemplaire et terrible…

» — En foi de quoi, messieurs les jurés, livrez-moi lestement cette scélérate au bourreau, et vous ferez acte de citoyens vertueux, indépendants, fermes et éclairés… — Dixi ! »

» Ce monsieur envisage la question sous un point de vue très-moral — dira d’un air paterne quelque bonnetier enrichi ou quelque vieil usurier déguisé en chef du jury — il a fait, pardieu ! ce que nous aurions tous fait à sa place, car elle est fort gentille, cette petite