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Page:Sue - Les mystères de Paris, 4è série, 1842.djvu/386

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en serait-il moins déshonoré par un soupçon pareil ?

À ces terribles pensées, madame de Lucenay frémissait de terreur… elle aimait aveuglément cet homme à la fois si misérable et doué de si profondes séductions ; sa passion pour lui était une de ces passions désordonnées que les femmes de son caractère et de son organisation ressentent ordinairement lorsque la première fleur de leur jeunesse est passée, et qu’elles atteignent la maturité de l’âge.

Jacques Ferrand épiait attentivement les moindres mouvements de la physionomie de madame de Lucenay, qui lui semblait de plus en plus belle et attrayante… son admiration haineuse et contrainte augmentait d’ardeur, il éprouvait un âcre plaisir à tourmenter par ses refus cette femme, qui ne pouvait avoir pour lui que dégoût et mépris.

Celle-ci se révoltait à la pensée de dire au notaire un mot qui pût ressembler à une prière : pourtant c’est en reconnaissant l’inutilité d’autres tentatives qu’elle avait résolu de s’adresser à lui, cet homme seul pouvant sauver M. de Saint-Remy. Elle reprit :