crois que sans cela je ferais pour l’amour de moi tout seul le métier que je fais ? Oh ! non, la vie n’est pas assez belle, j’en finirais avec elle.
— C’est comme moi — reprit Madeleine ; — sans les enfants, il y a long-temps que je t’aurais dit : Morel, tu en as assez, moi aussi, le temps d’allumer un réchaud de charbon, on se moque de la misère… Mais ces enfants… ces enfants !…
— Tu vois donc bien qu’ils sont bons à quelque chose — dit Morel avec une admirable naïveté. — Allons, tiens… bois, mais par petites gorgées, car c’est encore bien froid…
— Oh ! merci, Morel — dit Madeleine en buvant avec avidité.
— Assez… assez…
— C’était trop froid… mon frisson redouble… — dit Madeleine en lui rendant la tasse.
— Mon Dieu ! mon Dieu ! je te l’avais bien dit… tu souffres…
— Je n’ai plus la force de trembler… Il me semble que je suis saisie de tous les côtés dans un gros glaçon, voilà tout…
Morel ôta sa veste, la mit sur les pieds de