Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/104

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couragent les tendances meilleures, fécondent le repentir, et, par la puissante magie de ces mots : devoir, honneur, vertu, elles retirent quelquefois de la fange une de ces créatures abandonnées, avilies, méprisées.

Habituées aux délicatesses, à la politesse exquise de la meilleure compagnie, ces femmes courageuses quittent leur hôtel séculaire, appuient leurs lèvres au front virginal de leurs filles pures comme les anges du ciel, et vont dans de sombres prisons braver l’indifférence grossière ou les propos criminels de ces voleuses ou de ces prostituées…

Fidèles à leur mission de haute moralité, elles descendent vaillamment dans cette boue infecte, posent la main sur tous ces cœurs gangrenés, et, si quelque faible battement d’honneur leur révèle un léger espoir de salut, elles disputent et arrachent à une irrévocable perdition l’âme malade dont elles n’ont pas désespéré.

Les lecteurs timorés auxquels nous nous adressons calmeront donc leur susceptibilité en songeant qu’ils n’entendront et ne verront, après tout, que ce que voient et entendent