Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/117

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’influence de la Goualeuse, et aujourd’hui, chose à peu près sans exemple, presque aucune des prisonnières ne la tutoie ; la plupart la respectent, et s’offrent même à lui rendre tous les petits services qu’on peut se rendre entre prisonnières. Je me suis adressée à quelques détenues de son dortoir pour savoir la cause de la déférence qu’elles lui témoignaient. « C’est plus fort que nous, m’ont-elles répondu — on voit bien que ce n’est pas une personne comme nous autres. — Mais qui vous l’a dit ? — On ne nous l’a pas dit, cela se voit. — Mais encore, à quoi ? — À mille choses. D’abord, hier, avant de se coucher, elle s’est mise à genoux et a fait sa prière : pour qu’elle prie, comme a dit la Louve, il faut bien qu’elle en ait le droit. »

— Quelle observation étrange !

— Ces malheureuses n’ont aucun sentiment religieux, et elles ne se permettraient pourtant jamais ici un mot sacrilège ou impie ; vous verrez, madame, dans toutes nos salles, des espèces d’autels où la statue de la Vierge est entourée d’offrandes et d’ornements faits par elles-mêmes. Chaque dimanche, il se brûle