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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/119

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tures, à l’aspect des seules personnes qu’elles puissent respecter.

— Il est au moins consolant de retrouver quelques bons sentiments naturels plus forts que la dépravation.

— Sans doute, car ces femmes sont capables de dévouements qui, honnêtement placés, seraient très-honorables… Il est encore un sentiment sacré pour elles qui ne respectent rien, ne craignent rien : c’est la maternité ; elles s’en honorent, elles s’en réjouissent ; il n’y a pas de meilleures mères, rien ne leur coûte pour garder leur enfant auprès d’elles ; elles s’imposent, pour l’élever, les plus pénibles sacrifices ; car, ainsi qu’elles disent, ce petit être est le seul qui ne les méprise pas.

— Elles ont donc un sentiment profond de leur abjection ?

— On ne les méprise jamais autant qu’elles se méprisent elles-mêmes… Chez quelques-unes dont le repentir est sincère, cette tache originelle du vice reste ineffaçable à leurs yeux, lors même qu’elles se trouvent dans une condition meilleure ; d’autres deviennent folles, tant l’idée de leur abjection première