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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/120

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est chez elle fixe et implacable. Aussi, madame, je ne serais pas étonnée que le chagrin profond de la Goualeuse ne fût causé par un remords de ce genre.

— Si cela est, en effet, quel supplice pour elle ! un remords que rien ne peut calmer !

— Heureusement, madame, pour l’honneur de l’espèce humaine, ces remords sont plus fréquents qu’on ne le croit ; la conscience vengeresse ne s’endort jamais complètement ; ou plutôt, chose étrange, quelquefois on dirait que l’âme veille pendant que le corps est assoupi ; c’est une observation que j’ai faite de nouveau cette nuit à propos de ma protégée.

— De la Goualeuse ?

— Oui, madame.

— Et comment donc cela ?

— Assez souvent, lorsque les prisonnières sont endormies, je vais faire une ronde dans les dortoirs… Vous ne pouvez vous imaginer, madame… combien les physionomies de ces femmes différent d’expression pendant qu’elles dorment. Bon nombre d’entre elles que j’avais vues le jour insouciantes, moqueuses, effron-