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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/13

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il me fallait l’agrandir par le dévouement, au lieu d’être pour vous un reproche incessant par ma froideur hautaine et silencieuse. Je devais tâcher de vous consoler d’un effroyable malheur, ne me souvenir que de votre infortune. Peu à peu je me serais attachée à mon œuvre de commisération ; en raison même des soins, peut-être des sacrifices qu’elle m’eût coûtés, votre reconnaissance m’eût récompensée, et alors… Mais, mon Dieu ! qu’avez-vous ?… vous pleurez !

— Oui, je pleure, je pleure avec délices : vous ne savez pas tout ce que vos paroles remuent en moi d’émotions nouvelles… Oh ! Clémence ! laissez-moi pleurer !… Jamais plus qu’en ce moment je n’ai compris à quel point j’ai été coupable en vous enchaînant à ma triste vie !

— Et jamais, moi, je ne me suis sentie plus décidée au pardon. Ces douces larmes que vous versez me font connaître un bonheur que j’ignorais. Courage donc, mon ami ! courage ! à défaut d’une vie radieuse et fortunée, cherchons notre satisfaction dans l’accomplissement des devoirs sérieux que le sort nous