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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/134

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bouchèrent en tumulte par une porte épaisse et guichetée qu’on leur ouvrit.

Ces femmes, uniformément vêtues, portaient des cornettes noires et de longs sarraux d’étoffe de laine bleue, serrés par une ceinture à boucle de fer. Elles étaient là deux cents prostituées, condamnées pour contraventions aux ordonnances particulières qui les régissent et les mettent en dehors de la loi commune.

Au premier abord, leur aspect n’avait rien de particulier ; mais, en les observant plus attentivement, on reconnaissait sur presque toutes ces physionomies les stigmates presque ineffaçables du vice et surtout de l’abrutissement qu’engendrent l’ignorance et la misère.

À l’aspect de ces rassemblements de créatures perdues, on ne peut s’empêcher de songer avec tristesse que beaucoup d’entre elles ont été pures et honnêtes au moins pendant quelque temps. Nous faisons cette restriction, parce qu’un grand nombre ont été viciées, corrompues, dépravées, non pas seulement dès leur jeunesse, mais dès leur plus tendre