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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/137

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time vouée à l’amusement général, rendaient ses persécutrices implacables malgré leur respect ordinaire pour la maternité.

Parmi les ennemies les plus acharnées de Mont-Saint-Jean (c’était le nom du souffre-douleur), on remarquait la Louve.

La Louve était une grande fille de vingt ans, leste, virilement découplée, et d’une figure assez régulière ; ses rudes cheveux noirs se nuançaient de reflets roux ; l’ardeur du sang couperosait son teint ; un duvet brun ombrageait ses lèvres charnues ; ses sourcils châtains, épais et drus se rejoignaient entre eux, au-dessus de ses grands yeux fauves ; quelque chose de violent, de farouche, de bestial, dans l’expression de la physionomie de cette femme ; une sorte de rictus habituel, qui, retroussant surtout sa lèvre supérieure lors de ses accès de colère, laissait voir ses dents blanches et écartées, expliquait son surnom de la Louve.

Néanmoins, on lisait sur ce visage plus d’audace et d’insolence que de cruauté ; en un mot, on comprenait que, plutôt viciée que foncièrement mauvaise, cette femme fût encore susceptible de quelques bons mouvements,