Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/166

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aussi… il ne sera pas dit qu’une petite fille comme vous me mettra sous ses pieds…

— Moi !… et comment ?

— Est-ce que je le sais, comment ?… Vous arrivez ici… vous commencez d’abord par m’offenser…

— Vous offenser ?…

— Oui… vous demandez qui veut votre pain… la première, je réponds : Moi !… Mont-Saint-Jean ne vous le demande qu’ensuite… et vous lui donnez la préférence… Furieuse de cela, je m’élance sur vous, mon couteau levé…

— Et je vous dis : Tuez-moi si vous voulez… mais ne me faites pas trop souffrir… — reprit la Goualeuse… — voilà tout.

— Voilà tout ?… oui, voilà tout !… et pourtant ces seuls mots-là m’ont fait tomber mon couteau des mains… m’ont fait vous demander pardon… à vous qui m’aviez offensée… Est-ce que c’est naturel ?… Tenez, quand je reviens dans mon bon sens, je me fais pitié à moi-même… Et le soir de votre arrivée ici, lorsque vous vous êtes mise à genoux pour votre prière, pourquoi, au lieu de me moquer