Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

donné une potion à la femme Morel, qui l’a soulagée tout de suite.

— Pauvre femme ! — elle doit être toujours bien triste ?

— Oh ! oui, monsieur Rodolphe… que voulez-vous ?… avoir son mari fou… et puis sa Louise en prison. Voyez-vous, sa Louise, c’est son crève-cœur ! pour une famille honnête, c’est terrible… Et quand je pense que tout à l’heure la mère Séraphin, la femme de charge du notaire, est venue ici dire des horreurs de cette pauvre fille ! Si je n’avais pas eu un goujon à lui faire avaler, à la Séraphin, ça ne se serait pas passé comme ça ; mais pour le quart d’heure j’ai filé doux. Est-ce qu’elle n’a pas eu le front de venir me demander si je ne connaîtrais pas une jeunesse pour remplacer Louise chez ce grigou de notaire ?… Sont-ils roués et avares ! Figurez-vous qu’ils veulent une orpheline pour servante, si ça se rencontre. Savez-vous pourquoi, monsieur Rodolphe ? C’est censé parce qu’une orpheline, n’ayant pas de parents, n’a pas occasion de sortir pour les voir, et qu’elle est bien plus tranquille. Mais ça n’est pas ça, c’est une