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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/29

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— Malheureuses femmes !… Et où demeurent-elles, monseigneur ?

— Je l’ignore.

— Mais comment avez-vous connu leur misère ?

— Hier je vais au Temple… Vous ne savez pas ce que c’est que le Temple, madame la marquise ?

— Non, monseigneur…

— C’est un bazar très-amusant à voir ; j’allais donc faire là quelques emplettes avec ma voisine du quatrième…

— Votre voisine ?…

— N’ai-je pas ma chambre, rue du Temple ?

— Je l’oubliais, monseigneur…

— Cette voisine est une ravissante petite grisette ; elle s’appelle Rigolette ; elle rit toujours, et n’a jamais eu d’amant.

— Quelle vertu… pour une grisette !

— Ce n’est pas absolument par vertu qu’elle est sage, mais parce qu’elle n’a pas, dit-elle, le loisir d’être amoureuse ; cela lui prendrait trop de temps, car il lui faut travailler douze à quinze heures par jour pour gagner vingt-cinq sous, avec lesquels elle vit…