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Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/304

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de sa voisine, sans oser lui dire un mot de cet amour.

Loin d’imiter ses prédécesseurs, qui, bien convaincus de la vanité de leurs poursuites, s’étaient consolés par d’autres amours, sans pour cela vivre en moins bonne intelligence avec leur voisine, Germain avait délicieusement joui de son intimité avec la jeune fille, passant auprès d’elle non-seulement le dimanche, mais toutes les soirées où il n’était pas occupé. Durant ces longues heures, Rigolette s’était montrée, comme toujours, rieuse et folle ; Germain, tendre, attentif, sérieux, souvent même un peu triste.

Cette tristesse était son seul inconvénient ; car ses manières, naturellement distinguées, ne pouvaient se comparer aux ridicules prétentions de M. Giraudeau, le commis-voyageur, ou aux turbulentes excentricités de Cabrion ; mais M. Giraudeau par son intarissable loquacité, et le peintre par son hilarité non moins intarissable, l’emportaient sur Germain, dont la douce gravité imposait un peu à sa voisine.

Rigolette n’avait donc eu jusqu’alors de pré-