Aller au contenu

Page:Sue - Les mystères de Paris, 5è série, 1843.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» J’étais si troublé que je ne distinguai d’abord rien. Un air chaud, nauséabond, m’a frappé au visage ; j’ai entendu un grand bruit de voix mêlé çà et là de rires sinistres, d’accents de colère et de chansons grossières ; je me tenais immobile près de la porte, regardant les dalles de grès de cette salle, n’osant ni avancer ni lever les yeux, croyant que tout le monde m’examinait.

» On ne s’occupait pas de moi : un prisonnier de plus ou de moins inquiète peu ces gens-là. Enfin je me suis hasardé à lever la tête. Quelles horribles figures, mon Dieu ! que de vêtements en lambeaux ! que de haillons souillés de boue ! Tous les dehors de la misère et du vice. Ils étaient là quarante ou cinquante, assis, debout ou couchés sur des bancs scellés dans le mur, vagabonds, voleurs, assassins, enfin tous ceux qui avaient été arrêtés dans la nuit ou dans la journée.

» Lorsqu’ils se sont aperçus de ma présence, j’ai éprouvé une triste consolation en voyant qu’ils reconnaissaient que je n’étais pas des leurs. Quelques-uns me regardèrent d’un air insolent et moqueur ; puis ils se mirent à parler